La fondation Orange vient de présenter son programme « autisme et numérique » à Vannes, dans les locaux de l’Adepei 56. L’occasion de débattre entre professionnels et familles

 Mardi 5 avril 2016, la fondation Orange est venue présenter son programme « autisme et numérique » aux Papillons Blancs, à Vannes. Pour l’occasion, l’Adapei 56 a réuni professionnels et parents pour parler des outils numériques.

Que fait la fondation Orange ?Depuis 1991, elle oeuvre pour aider les structures, soutenir la recherche et permettre à des projets de voir le jour. Avec l’arrivée de la tablette numérique, en 2012, un nouveau programme a été lancé : « autisme et numérique. » Il donne la possibilité de répondre à des appels à projet d’équipement d’établissement ou de développement d’applications.

Un réseau a aussi été créé pour partager conseils et informations sur les applications. « L’Ouest devrait bientôt faire partie des régions couvertes », se réjouit Philippe Maurice, directeur d’Orange solidarité, association de la fondation dont l’objectif est de réduire la fracture numérique.

Ce n’est donc pas un hasard si ce dernier a organisé un atelier numérique à Vannes.

Pourquoi cette présentation ? « La fondation Orange est partenaire de l’Unapei (la fédération d’associations françaises de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles). Quand elle a proposé d’organiser une présentation dans les associations départementales, j’ai tout de suite dit oui », raconte Yann Zennati, directeur de l’Adapei 56.

Tous les acteurs du monde de l’autisme du département ont été conviés aux Papillons Blancs. « Nous sommes tous concernés par les outils numériques. C’est intéressant de pouvoir en parler ensemble. »

Les outils numériques en questionDans la salle, parents, professionnels et membres d’association ou services dédiés à l’autisme écoutent et mettent le doigt sur quelques différences entre le monde virtuel et la réalité du terrain. Lorsque la fondation est fière d’annoncer l’équipement de plus de 300 établissements en France, les associations relativisent.

« Pour vos appels à projet, les dossiers sont lourds et complexes, lance Valérie Philippe, vice-présidente de Papa, maman et moi contre l’autisme. En tant que petite association, nous avons un peu l’impression d’être exclus. »

Autre spécificité : ne sont retenus, la plupart du temps, que des services spécialisés dans l’autisme. « Or, il y a aussi de plus en plus de structures pour personnes handicapées qui accueillent des autistes, elles ont donc seulement des services dédiés », précise Yann Zennati.

Un certain budgetDerrière les outils numériques reliés directement à l’autisme se cachent plusieurs difficultés. Si les applications adaptées se multiplient, « ici, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ne délivre pas d’aide pour l’achat de tablettes numériques », indique Valérie Philippe. Le premier frein est donc d’ordre financier.

« Apprivoiser les outils »L’utilisation de la tablette a déjà fait ses preuves, mais elle doit être « encadrée ». « Lorsque nous finançons un projet d’équipement, nous nous assurons qu’il y a bien un projet pédagogique », assure Pascale Paturle. Et des encadrants formés ? « Ce n’est pas magique, rappelle Yann Zennati. Parents et professionnels doivent savoir se servir de ces outils numériques et, surtout, leur donner un but. Il faut apprendre à les apprivoiser. »

Pour ou contre la tablette ?Pour les personnes autistes, la tablette tactile présente de nombreux avantages par rapport aux supports traditionnels.

« On peut faire la même chose avec un papier et un crayon, mais c’est toujours plus laborieux, reconnaît Yann Zennati, directeur de l’Adepei 56. Et puis, la tablette, c’est beaucoup plus attractif. »

Grâce à une interface enfant, l’accès aux applications et la durée d’utilisation peuvent être contrôlés. « Cela leur permet une gestion du temps et de la frustration, au centre des apprentissages des enfants autistes », assure-t-il.

Un outil moins stigmatisant…Autre bon point : son format pratique. « C’est un outil qui facilite la vie. Par exemple, un jeune autiste qui va faire ses courses peut utiliser sa tablette pour se faire comprendre au lieu de prendre son gros classeur de communication. Dans un cas, il a l’air ridicule, dans l’autre, en avance sur son temps. C’est moins stigmatisant. »

…mais des « effets pervers »Côté contenu, les avis sont partagés. « Il y a trop d’applications, on a parfois du mal à s’y retrouver », raconte la vice-présidente de l’association vannetaise Papa, maman et moi contre l’autisme.

Professionnels et parents restent vigilants. L’utilisation de la tablette peut avoir des effets pervers, comme le renfermement sur soi et la dépendance. « C’est aliénant », glisse Yann Zennati. « On peut avoir du mal à récupérer la tablette », confirme une maman.

Valérie Philippe évoque également des troubles du sommeil : « Les enfants autistes sont encore plus sensibles à la lumière émise par les écrans. Mais c’est un outil parmi les outils », conclut-elle.

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